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Exposition : Selon notre regard

Avec les œuvres vidéo de Elodie PONG, Salomé LAMAS, Annelies STRBA, Camille HENROT, Anne-Charlotte FINEL

L’exposition ‘Selon notre regard’, placée sous le commissariat de Liberty Adrien, présente une sélection d’oeuvres vidéo d’artistes contemporaines, issues de grandes collections publiques françaises, du Centre national des arts plastiques (Cnap) et de Fonds régionaux d’art contemporain 49 nord - 6 est (Frac Lorraine).

‘Selon notre regard’ explore nos perceptions de la relation entre l’homme et la nature. Son titre est emprunté à un poème de la femme de lettres française d’origine syro-libanaise Andrée Chedid (1920-2011), dont l’œuvre immortelle explore la condition humaine et les relations entre l’homme et le monde. Quelles émotions procurent aujourd’hui la contemplation d’un paysage ? Percevons-nous une harmonie ou un chaos ? Une abondance ou une fragilité ? Suscite-t-elle l’exaltation ? La révélation d’une beauté idyllique de nature intacte et de quiétude ? Ou restitue-elle une dimension sociale, la vision d’une civilisation, d’une histoire, la manifestation de notre ère de l’anthropocène ? L’intensité scénique envoûtante de ces images en mouvement qui s’entrelacent, compose le récit sensible de notre monde tel un recueil de songes. Nous y retrouvons toute la poétique du paysage romantique : l’esthétique de la mélancolie et de l’étrangeté, l’expression d’émotions et d’inquiétudes contemporaines : celles de l’urgence climatique, des conflits politiques, de la chute des utopies urbaines et de la place de la femme dans la société.

Les objectifs multiples de ce projet curatorial sont le support à la diffusion d’œuvres d’artistes femmes de la scène artistique contemporaine, la mise à l’honneur du médium de l’art vidéo et de la conscience écologique citoyenne, ainsi que l’exposition à l’international de la politique culturelle française unique de support aux artistes par l’acquisition d’œuvres pour les collections publiques. Il se situe dans la prolongation de la recherche curatoriale de la commissaire d’exposition Liberty Adrien, consacrée à « l’histoire des œuvres d’artistes femmes acquises pour la collection nationale d’art française, de 1791 à nos jours » réalisée pour le Cnap de 2016 à 2020.

 

À propos des œuvres et des artistes :

1/ ÉLODIE PONG (*1966 BOSTON, U.S.A / VIT ET TRAVAILLE À ZURICH) 

Pour Élodie Pong, il est essentiel de laisser s’entrechoquer les différentes strates de significations. Avec l’image de l’avalanche, elle nous renvoie aux discours catastrophistes ambiants sur le climat et inscrit sa vidéo dans une réflexion sur le marquage du territoire, de son annexion à sa domination. En confrontant la charge idéologique du slogan à la puissance de la nature, Élodie Pong énonce le temps des défaites, celui où tout peut s’écrouler, où plus rien n’est maintenu. Dans cette ruine contemporaine où la propagande et la domination politique ne résisteront pas, la vidéo Untitled (Plan for Victory) met en lumière la fragilité des idéaux et de leurs fondements. Elle se focalise sur une expression militaire utilisée par le gouvernement Bush, lors de la troisième guerre du Golf. Dans les sociétés masse-médiatisées, la politique et la publicité communiquent essentiellement par l’entremise de slogans. S’appuyant sur ces renversements culturels, Élodie Pong met en évidence la tragédie d’un devenir du monde. L’utilisation formelle du tag – pratique urbaine et clandestine oscillant entre revendication et vandalisme – désamorce tout un pan de l’information régulé et réglé par un matraquage du discours médiatique.

2/ SALOMÉ LAMAS (*1987 LISBONNE / VIT ET TRAVAILLE À LISBONNE) 

Salomé Lamas est une réalisatrice de film dont le travail explore la frontière poreuse entre documentaire et fiction, explorant dans une occupation fertile du “no man’s land”, la pratique critique de la „parafiction“. Plutôt que de s’installer de manière conventionnelle à la périphérie entre le cinéma et les arts visuels, Lamas a tenté de faire siens ces langages, remettant en question les méthodes conventionnelles de production cinématographique, les modes d’exposition et les diverses formes d’expression esthétique cinématographiques et artistiques. Ces travaux d’ethnographie modifiée montrent un intérêt pour la relation intrinsèque entre le récit, la mémoire et l’histoire, tout en utilisant l’image en mouvement pour explorer les traumatismes réprimés, apparemment non représentables ou historiquement invisibles, des horreurs de la violence coloniale aux paysages du capital mondial. Son travail a été présenté dans des lieux d’art et des festivals de cinéma tels que la Berlinale, Museo Arte Reina Sofia, FIAC, Cinema du Réel, MoMA - Museum of Modern Art, Museo Guggenheim Bilbao, Harvard Film Archive, Museum of Moving Images NY, Fid Marseille, Viennale, Hong Kong FF, Tate Modern, Bozar, ICA London… Lamas a reçu la bourse du Gardner Film Study Center - Université de Harvard, la Fondation Rockefeller - la Fondation Brown.


3/ ANNELIES STRBA (*1947 ZURICH, SUISSE / VIT ET TRAVAIL À ZURICH) 

Au cours des deux dernières décennies, Annelies Strba a développé une chronique cohérente en utilisant la photographie, les médias numériques et le film. A la fois cosmologie et conte de fées, les oeuvres de Strba sont des documents tout aussi personnels et poétiquement abstraits de ceux qui ont défini sa vie physique et émotionnelle. Dans les portraits, les sujets de Strba sont soit capturés alors qu’ils sont immergés dans des situations domestiques intimes - dans le chaos des pièces en désordre, assis à la table de la salle à manger, en train de se coiffer, en train de dormir - soit en train de se perdre dans la nature. Ces derniers sont généralement pris autour des maisons familiales dans la banlieue de Zurich ou dans les montagnes suisses, où ils passent de nombreux week-ends et vacances. Dans l’ensemble, l’histoire racontée est un récit profondément personnel de vies entremêlées, de relations en évolution, de souvenirs, de réactions, tels qu’ils se jouent dans le temps, et de la prise de conscience nostalgique que tout est constamment sujet à changement. Les images travaillées par saturation des couleurs et intensité des lumières, créent des ambiances hallucinatoires, entre réalité et fiction. 

4/ CAMILLE HENROT (*1978, PARIS / VIT ET TRAVAIL À NEW-YORK ET PARIS) 

La pratique de l’artiste française Camille Henrot évolue sans rupture entre le cinéma, la peinture, le dessin, la sculpture et l’installation. L’artiste fait référence à l’auto-assistance, aux marchés d’occasion en ligne, à l’anthropologie culturelle, à la littérature, à la psychanalyse et aux médias sociaux pour s’interroger sur ce que signifie être à la fois un individu privé et un sujet global. Henrot s’intéresse à la confrontation de questions émotionnelles et politiques, et examine comment l’idéologie, la mondialisation, les croyances et les nouveaux médias interagissent pour créer un environnement d’anxiété structurelle. Son œuvre vidéo King Kong permet de regarder simultanément KING KONG (Peter Jackson, 2005) + KING KONG (John Guillermin, 1976) + KING KONG (1933). Le résultat de cette addition est une image noircie, dont l’excessive concentration en informations rend parfois incompréhensible la lisibilité. Ainsi le film pourrait donner raison à Théodore Adorno : la répétition d’une œuvre modifie sa constitution et finit par l’altérer. Pourtant King Kong émerge de l’obscurité et résiste à l’anéantissement, il demeure une figure en qui le spectateur refuse de cesser de croire. King Kong ressuscite tous les quinze ans au cinéma. Pour les habitants de Skull Island, King Kong était un dieu : qu’en est-il du spectateur ?


5/ ANNE-CHARLOTTE FINEL (*1986 FRANCE / VIT ET TRAVAILLE À PARIS) 

Anne-Charlotte Finel est une artiste vidéo française reconnue comme une figure émergente de l’image en mouvement. Elle travaille dans un interstice permanent : « Je fais mes vidéos la nuit, à l’aube, au crépuscule et à l’heure fatidique ». Une période incertaine et mystérieuse, où tout est en suspens. Cet interstice est aussi géographique, à la limite de la ville et de la campagne, un paysage transitoire à croiser avec le regard et récurrent dans la pratique de l’artiste. Elle cherche à créer « des images s’éloignant d’une réalité trop crue, trop définie », des images lentes, presque oniriques, à la manière d’un motif abstrait. Récipiendaire du Prix Vidéo de la Fondation François Sommer en 2015 et du Prix du Conseil Départemental des Hauts-de-Seine remis lors du Salon de Montrouge en 2016, elle a présenté des expositions personnelles à la Galerie Edouard Manet (Gennevilliers), à la Galerie Jousse Entreprise (Paris), aux Ateliers Vortex (Dijon), au Centre d’art Le Lait (Albi), à The Chimney (New York) ainsi que dans cinq villes de Russie en partenariat avec l’Institut français de Saint-Pétersbourg. Son travail a été intégré à des expositions collectives au Palais de Tokyo ou à la Synagogue de Delme en France, ainsi qu’à l’international (Mexique, Australie, Hong Kong, Italie, Allemagne, Japon et États-Unis).

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